mars 2019

De 1971 cas à 1162, les grossesses précoces à l’école un faix 

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1971 cas avaient été le nombre de grossesses en milieu scolaire en 2014 selon le rapport du Groupe pour l’Etude et l’Enseignement de la Population (GEEP).  Ce chiffre a nettement diminué depuis : 1162 cas en 2016 chez les adolescentes âgées de 13 à 19 ans en milieu scolaire.

Selon le rapport du GEEP, la répartition par région des 1162 cas de grossesses recensés se présente comme suit : Ziguinchor (164 cas), Tambacounda (126 cas), Saint Louis (113 cas), Kaolack (109 cas), Fatick (108), Kolda (102 cas), Sédhiou (101 cas), Matam (84 cas), Kaffrine (59 cas), Louga (53 cas), Diourbel (48 cas), Thiès (46 cas), Kédougou (21 cas) et Dakar (28 cas).

En comparant ces chiffres avec les données de l’enquête réalisée en 2014 dans certaines localités où les statistiques étaient disponibles, il y a eu des baisses qui ont été enregistrées. La zone Sud demeure cependant la zone la plus touchée par ce phénomène

Perceptions des grossesses précoces dans les zones étudiées

Dans toutes les localités enquêtées, les grossesses précoces sont considérées comme une préoccupation majeure. En effet, les différents responsables scolaires (inspecteur d’académie, inspecteurs de l’éducation et de la formation, chefs d’établissement) sont conscients que les grossesses précoces sont un problème social pouvant conduire à la déperdition scolaire quand bien même l’existence de disposition permettant aux jeunes filles de retourner à l’école après l’accouchement.

Les facteurs à l’origine des  grossesses précoces en milieu scolaire

L’analyse des auteurs de grossesses montre que la plupart des risques auxquels les jeunes filles sont confrontées découlent de l’environnement scolaire. En effet, selon nos enquêtes, 49% des auteurs de grossesses sont des garçons qui partagent avec les filles le milieu scolaire.

Cela montre que les filles n’ont pas été suffisamment préparées à résister à la pression des pairs et de prendre des décisions en toute autonomie  en ayant conscience des conséquences de leurs comportements sexuels.  Les filles peuvent être également contraintes à des relations sexuelles en échange de certaines faveurs comme les bonnes notes ou bien contre de l’argent.  La pauvreté augmente aussi le risque pour les jeunes filles d’avoir de rapports sexuels non désirés, forcés ou non protégés. En effet, certains partenaires sexuels (y compris ceux qui paient en argent ou cadeaux) refusent de porter un préservatif.

Les facteurs liés à la vulnérabilité des jeunes filles

Certaines jeunes filles vivent des situations particulièrement difficiles qui pourraient avoir  des incidences sur la survenue des grossesses précoces. En effet, le quotidien de la plupart d’entre elles est constamment rythmé par des actes de violences qui revêtent de multiples formes liés au genre.

Ces violences sont fortement liées à l’environnement scolaire. L’espace scolaire est perçu comme un milieu caractérisé par l’intolérance et la discrimination. Ces violences les frappent également au sein de leur famille. Ces actes de violences montrent que durant leur parcours, les filles sont particulièrement exposées à des risques.

La faible prise en charge de l’éducation sexuelle au sein des familles et à l’école et la pression des pairs

Au sein des familles, la sexualité demeure un sujet tabou. Lors des focus groupes, des élèves ont déploré l’absence  de communication au sein de la famille. Certains parents n’assument plus leur rôle d’éducateur.  Les parents éprouveraient une certaine honte pour aborder les questions relatives à la sexualité avec leurs enfants. En effet, il a été noté le cas de certaines mères de familles  qui encourageraient même leur fille à fréquenter les hommes car cela constitue un signe de maturité.

Renforcement de la communication pour l’adoption de comportements responsables et du plaidoyer pour le recours à la contraception et l’intégration de l’ECS dans les programmes scolaire

Malgré  les efforts fournis pour la baisse des grossesses précoces, le phénomène est toujours d’actualité. Tous les acteurs travaillent ensemble pour lutter contre les grossesses précoces à l’école. Mais pour arriver à lutter efficacement contre les grossesses précoces, le renforcement de la communication pour l’adoption de comportements doit se faire. Toujours dans cette même logique, l’obstacle que constitue le tabou de la sexualité au sein de la famille doit être levé pour donner place à un dialogue ouvert entre parent-enfant sur la sexualité. Le plaidoyer pour l’introduction de l’Education Complète à la Sexualité (ECS) ou Education à la Santé de la Reproduction (ESR, Sénégal) doit se poursuivre et aboutir à son inclusion dans les programmes scolaires.

De même, les difficultés pour les adolescent·e·s et jeunes à recourir à la contraception due aux barrières culturelles, religieuses doivent être levées à travers la gratuité des produits contraceptifs mais aussi l’application des décrets d’application sur la santé de la reproduction

Ibrahima FALL

PNDSS III 2019-2028 pour l’atteinte des ODD à l’horizon 2030

Le Sénégal, a lancé son plan national de développement sanitaire et social PNDSS III 2019-2028 le vendredi 25 janvier 2019 par le ministre de la  Santé Abdoulaye DIOUF SARR. Ce processus ayant débuté depuis juillet 2018 a été inclusif et participatif et a vu la participation des ministères sectoriels, des collectivités territoriales,  des professionnels de santé, des acteurs de la société civile, des partenaires techniques et financiers et des jeunes.

Le plan national de développement sanitaire et social III 2019-2028 constitue le document de référence en matière de politique de santé et d’action sociale du gouvernement du Sénégal. Son élaboration s’est inscrite dans l’atteinte des Objectifs de Développement Durable (ODD).

Il vise à consolider les acquis et à développer de nouvelles initiatives orientées vers l’atteinte des objectifs fixés dans l’axe 2 du Plan Sénégal Emergent (PSE) : « Capital humain, protection sociale et développement durable.

Ibrahima FALL

Communication de Human Rights Watch au Comité des droits économiques, sociaux et culturels, relative au Sénégal

HRW

Dans le cadre du Groupe de travail pré-session de la 64ème session,  2019 lors de la CSW, Human Rights Watch a tenu une communication au comité des droits économiques, sociaux et culturels relative au Sénégal. Ce document porte notamment sur le droit à l’éducation, l’exploitation et la maltraitance des enfants talibés, les violations du droit à la santé, la discrimination fondée sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre, et la protection des élèves, des enseignants et des écoles en situation de conflit armé

Malgré les efforts du Sénégal pour élargir une offre d’éducative primaire et secondaire à davantage de jeunes, il existe des Obstacles au droit à l’éducation primaire et secondaire (article 13). Parmi les obstacles on peut citer, les frais de scolarité et les coûts indirects, la discrimination de genre, la Violence et exploitation sexuelle et de genre, les grossesses en milieu scolaire. 

Dans sa communication également, Human Rights Watch a fait un focus sur l’Exploitation des enfants talibés et abus à leur encontre (articles 10, 12, et 13), sur les obstacles à la santé, à la discrimination fondée sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre (articles 2, 12) et à la protection de l’éducation durant les conflits armés (article 13).

Human Rights Watch a toutefois formulé des recommandations au gouvernement du Sénégal pour les difficultés et/ou obstacles sociaux, économiques et culturels et prendre ainsi en compte les besoins de certaines cibles vulnérables.

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