janvier 2019

L’éducation complète à la sexualité, une nécessité

ECSj

Qu’est-ce que l’complète à la sexualité ?

L’éducation complète à la sexualité est un processus intégré aux programmes scolaires, reposant sur l’enseignement et l’apprentissage des aspects cognitifs, émotionnels, physiques et sociaux de la sexualité. Elle vise à doter les enfants et les jeunes des connaissances, compétences, attitudes et valeurs leur permettant de jouir de leur droit à la santé, au bien-être et à la dignité ; de développer des relations sociales et sexuelles respectueuses ; d’examiner de quelle manière leurs choix affectent leur propre bien-être et celui des autres ; et de comprendre et d’assurer la protection de leurs droits tout au long de leur vie.

Pourquoi les jeunes ont-ils besoin d’une éducation complète à la sexualité ?

Lorsqu’ils passent de l’enfance à l’âge adulte, trop de jeunes reçoivent des informations déconcertantes et contradictoires sur les relations et sur le sexe, ce qui s’est traduit par une demande croissante de la part des jeunes pour des informations fiables qui les préparent à une vie sûre, productive et épanouissante. Bien enseignée, l’éducation complète à la sexualité répond à cette demande en leur permettant de prendre des décisions informées sur les relations et la sexualité et de naviguer dans un monde où la violence fondée sur le sexe, les inégalités sexuelles, les grossesses précoces et non désirées, le VIH et d’autres infections sexuellement transmissibles (IST) continuent de faire peser de graves risques sur leur santé et leur bien-être. De la même manière, l’absence d’une éducation à la sexualité et aux relations, qui soit de qualité, adaptée à leur âge et à leur stade de développement, peut mettre les enfants et les jeunes en situation de vulnérabilité face à des comportements sexuels néfastes et à l’exploitation sexuelle.

L’éducation complète à la sexualité joue un rôle crucial dans le traitement de la santé et du bien-être des enfants et des jeunes. En appliquant une approche axée sur l’apprenant, elle ne se contente pas de dispenser aux enfants et aux jeunes, progressivement et en fonction de leur âge, une éducation aux droits de l’homme, à l’égalité des sexes, aux relations, à la reproduction, aux comportements sexuels à risque et à la prévention des maladies, elle offre aussi l’occasion de présenter la sexualité sous un angle positif en mettant en avant des valeurs comme le respect, l’inclusion, la non-discrimination, l’égalité, l’empathie, la responsabilité et la réciprocité.

Que permet l’ECS?

Mise en oeuvre, l’Education Complète à la Sexualité permet de:

  • Limiter la désinformation et accroît les connaissances pertinentes
  • Réduire les comportements à risque en réduisant la fréquence des rapports sexuels non protégés et le nombre de partenaires sexuels
  • Augmenter le taux d’adoption de comportements responsables tels que l’abstinence, le recul de l’âge du premier rapport sexuel, et une utilisation accrue du préservatif et autres contraceptifs
  • Identifier et renforcer les valeurs et les attitudes positives
  • Améliorer la perception des normes des pairs et de la société
  • Développer la capacité à prendre des décisions éclairées et à s’y conformer
  • Favoriser la communication avec les parents ou d’autres adultes de confiance
  • Développer des thématiques axées sur l’égalité de genres
  • Réduire les vulnérabilités des adolescents et des jeunes face à la violence, en favorisant l’intégrité corporelle, la confiance en soi et les compétences de négociation, ainsi que les normes d’égalité entre les sexes
  •  Fournir aux jeunes des informations sur la santé et les droits sexuels et reproductifs (SSR) adaptés à leur âge

Quels impacts peut avoir l’ECS?

Il existe des éléments montrant l’impact de l’éducation à la sexualité. Ils mettent en avant le fait que :

  • L’éducation à la sexualité a des effets positifs car les jeunes ont notamment plus de connaissances et une meilleure attitude vis-à-vis de la santé sexuelle et reproductive et développent plus des comportements responsables.
  • L’éducation à la sexualité – qu’elle se fasse à l’école ou non – n’accroît pas l’activité sexuelle, les comportements sexuels à risque ou les taux d’infection IST/VIH.
  • On a constaté que les programmes proposant l’abstinence comme unique option ne sont pas en mesure de retarder l’initiation sexuelle, de réduire la fréquence des rapports sexuels ou de réduire le nombre de partenaires sexuels. Les programmes qui associent l’important du retard de l’activité sexuelle et d’autres contenus sont efficaces.
  • Les programmes « axés sur le genre » sont substantiellement plus efficaces que les programmes qui ne tiennent pas compte de la dimension genre pour obtenir des résultats en matière de santé tels que la réduction du taux de grossesses non désirées ou d’IST.
  • L’impact de l’éducation à la sexualité est maximal lorsque les programmes dispensés à l’école sont complétés par la participation des parents et des enseignants, des instituts de formation et des services axés sur les jeunes.

Un appel à sa mise en oeuvre

Une éducation sexuelle assurée dans le cadre scolaire et portée par l’enseignement national est sans aucun doute la manière la plus efficace et efficiente de répondre aux besoins des adolescents et jeunes. Elle contribuera à renforcer ces derniers de compétences et d’informations pour éviter les grossesses précoces et adopter des comportements responsables. Les pays d’Afrique de l’Ouest en l’occurrence le Sénégal doivent l’adopter comme programme dans les écoles.

Ibrahima FALL,

Source: unesco.org

L’éducation des filles, un facteur de changement

Enfants-Ecole

Ce jeudi 24 Janvier 2019 est consacré à la célébration de la première journée internationale de l’éducation. L’éducation est un sinon le meilleur moyen de donner aux enfants comme aux adultes la possibilité de devenir participants actifs de la transformation des sociétés dans lesquelles ils vivent. L’apprentissage doit aussi prendre en compte les valeurs, les attitudes et les comportements qui permettent aux individus d’apprendre à vivre ensemble dans un monde qui se caractérise par la diversité et le pluralisme.

L’éducation des filles, un facteur de changement:

L’éducation des filles est un facteur de changements durables très important que les pays ne doivent pas négliger, et cela pour plusieurs raisons:
– une fille instruite met au monde moins d’enfants,

-veille à ce que ses enfants aient une éducation de qualité,

-Et lutte ainsi à son tour contre les discriminations dont sont victimes les filles, comme le mariage forcé et les grossesses précoces, le travail infantile et la déscolarisation. Grâce aux respects de leur droit à l’éducation, les filles obtiennent de bons résultats à l’école et peuvent occuper des fonctions de responsabilités dans les sphères de décisions.

Par ailleurs, une fille qui ne va pas à l’école aura plus de mal à faire entendre sa voix. Elle ne pourra participer activement aux prises de décision de la société dans laquelle elle vit. La non-scolarisation des filles les enferme dans la pauvreté.  De plus, cette situation risque de se perpétuer à la génération suivante car une fille non-éduquée ne comprendra pas l’intérêt de donner à ses enfants une éducation de qualité.

L’école, un droit, un choix:

L’éducation est un droit essentiel, qui permet à chacun de recevoir une instruction et de s’épanouir dans sa vie sociale. Le droit à l’éducation est vital pour le développement économique, social et culturel de toutes les sociétés.

Dans  nos société africaines, dans certaines zones du Sénégal, les filles ne bénéficient pas souvent de la même chance d’accéder à l’éducation. Quand le garçon peut choisir d’aller à l’école parce que son rêve est devenir médecin, la fille qui peut avoir le même rêve, se retrouve souvent avec beaucoup d’obstacles qui l’empêchent d’atteindre ce rêve. Aller à l’école et décider d’y rester devrait être un choix que chaque fille doit avoir peu importe sa situation.

A chacun sa responsabilité:

-Les parents:

Il faut aujourd’hui que les parents écoutent les besoins de leurs filles en termes d’éducation et qu’ils les laissent continuer leurs études. Il faut également qu’ils les encouragent même après des événements inattendus comme les grossesses précoces. Et cela passe nécessairement par le dialogue.

-L’Etat:

L’Etat doit investir davantage dans l’éducation de qualité pour tous aussi bien dans l’éducation formelle et non formelle en garantissant:

  • la protection des filles contres les abus sexuels,
  • De lourdes sanctions contre les enseignants,
  • L’accessibilité de l’éducation,
  • L’Education complète à la sexualité à l’école.

-La société civile

Les organisations de la société doivent également continuer à sensibiliser les parents sur l’importance de l’éducation et promouvoir l’accès à une éducation de qualité et le maintien des filles à l’écoles dans les zones reculées.

Ibrahima FALL

Première Journée internationale de l’éducation : toujours des discriminations chez les filles face à l’éducation

filles et rêves
Filles, rêves

L’éducation est un droit humain fondamental pour tous les enfants consacré dans la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. Cependant, des millions d’enfants en Afrique, en particulier les filles, sont toujours privés de leur droit à l’éducation et n’ont pas la possibilité d’accéder aux connaissances, compétences et capacités nécessaires qui leur permettent d’être autonomes et de jouer un rôle plus égalitaire dans la société.

Les statistiques:

En 2018, les filles restent les premières victimes d’inégalités :

  • 132 millions de filles âgées de 6 à 17 ans sont encore privées d’école
  • 63 % des adultes analphabètes dans le monde sont des femmes
  • 1 fille sur 4 ne va pas à l’école dans les pays en développement
  • 64 millions de filles sont astreintes au travail forcé
  • 12 millions de filles sont mariées de force chaque année avant l’âge de 18 ans, soit près de 33 000 filles par jour
  • Près de 120 millions de filles, soit 1 fille sur 10 de moins de 20 ans, ont été confrontées à la violence sexuelle

Les filles dans le monde et en particulier dans les pays en développement continuent d’être discriminées injustement en raison de leur sexe. Elles sont privées d’éducation parce qu’elles naissent « filles ». Les freins à leur éducation sont multiples :

  • Les traditions culturelles – Dans certaines sociétés, les filles sont considérées comme un fardeau pour la famille. Leur éducation n’a donc aucune importance car leur destin est d’être mariées jeunes et de s’occuper des tâches ménagères et des enfants.
  • L’ignorance des lois et du droit – Les parents, n’étant parfois jamais allés à l’école eux-mêmes, ne remettent pas en question les discriminations liées aux traditions culturelles de ne pas scolariser les filles. Dans certains pays, les violations des droits des filles sont si répandues et normalisées que les sanctions sont rares.
  • La pauvreté – Les familles en situation d’extrême pauvreté ne peuvent subvenir aux frais de scolarité de leurs enfants, et si elles le peuvent, elles font souvent le choix d’envoyer les garçons étudier.
  • Les violences à l’école et sur le trajet de l’école – Les filles, plus que les garçons, sont exposées à la maltraitance, aux violences physiques et morales, et aux abus sexuels à l’école, de la part du personnel éducatif ou des garçons, et sur le trajet de l’école, ce qui conduit de nombreux parents à retirer leurs filles de l’école.
  • Les menstruations – 1 fille sur 10 ne va pas à l’école quand elle a ses règles car de nombreux établissements scolaires ne proposent pas d’endroit où elles peuvent se changer, ou alors parce que les protections hygiéniques coûtent cher et qu’elles sont forcées de rester chez elles.
  • Les risques pour la santé – L’épuisement physique et moral dû au travail forcé, les douleurs récurrentes dues à l’esclavage domestique, les grossesses précoces et infections sexuellement transmissibles suite aux violences sexuelles, et les mutilations génitales féminines les empêchent d’avoir une scolarité normale.
  • Les mariages précoces et forcés – Chaque année dans le monde, 12 millions de filles sont mariées avant l’âge de 18 ans. Ces filles sont généralement déscolarisées pour subvenir aux besoins de leur mari, s’occuper des tâches ménagères et des enfants. Les mariages forcés maintiennent les filles dans un statut inférieur à l’homme.
  • Les grossesses précoces – Elles contraignent les adolescentes à quitter l’école. Elles sont la conséquence des mariages précoces et forcés, des violences sexuelles et du non-accès à la contraception et à l’avortement.
  • L’absence de certificat de naissance – Les filles sans identité juridique et sans certificat de naissance ne peuvent pas s’inscrire à l’école, passer d’examens scolaires, obtenir des diplômes et ne peuvent pas poursuivre leur éducation jusqu’au bout pour prétendre à un métier et sortir de la pauvreté.
  • La traite et le travail infantile – La pauvreté amène souvent les parents à faire travailler leurs filles ou à les vendre. Considérées comme une charge, ce sont les premières à être exploitées.
  • Les situations d’urgence – exacerbent la vulnérabilité des filles et les discriminations. Les écoles détruites par la guerre, les conflits ou une catastrophe naturelle les rendent impraticables et dangereuses, l’isolement en cas d’épidémie, la précarité des camps de réfugiés, privent les filles d’éducation. Les familles se retrouvent aussi dans des situations précaires qui augmentent la pression économique qui pèse sur les foyers, entraînant les familles à marier leur fille ou à les obliger à travailler.

LES CONSÉQUENCES DE LA NON-SCOLARISATION DES FILLES

La non-scolarisation des filles présente de graves conséquences sur la vie de chacune d’entre elles, mais aussi sur le développement de leur communauté et de leur pays tout entier :

  • La non-scolarisation des filles les maintient dans un statut inférieur à celui des garçons. Une fille qui ne va pas à l’école aura plus de mal à faire entendre sa voix. Marginalisée, elle ne pourra s’exprimer, prendre les décisions qui concernent son corps et sa vie, voter, participer activement aux prises de décision de la société dans laquelle elle vit et avoir un rôle en tant que citoyenne libre.
  • La non-scolarisation des filles ne leur permet pas de sortir de la pauvreté. Cette situation risque de se perpétuer à la génération suivante car une fille non-éduquée ne peut pas comprendre l’intérêt de donner à ses enfants une éducation de qualité. Et pourtant ; chaque année passée par une fille sur les bancs de l’école augmente son futur revenu de 10 à 20 %.
  • La non-éducation des filles présente un risque important pour leur santé et celle de leurs enfants. Une fille non scolarisée aura plus de difficultés à accéder et à suivre les recommandations et les conseils de prévention et de soins pour elle-même et ses enfants. Un·e enfant né·e d’une mère qui sait lire a 50 % de chances en plus de survivre après l’âge de 5 ans.

Source: One in Five Children, Adolescents and Youths Out of School, UNESCO, February 2018

Le confiage au Sénégal

Dans nos pays africains il existe, depuis la nuit des temps, des pratiques sociales. Certaines de ces pratiques, qui ont survécus à travers les âges, témoignent de la répartition et du renforcement des liens entre les individus  au sein de la société à travers l’entraide, la solidarité, le soutien, le redressement, l’union, etc. Le confiage ou fosterage est une de ces pratiques

Le « fosterage » (anglais)  également appelé confiage  consiste à confier durablement un enfant à un membre de la parentèle pour son éducation. Cette pratique est distincte de l’adoption, en ce qu’elle ne remet pas en cause les liens génétiques reconnus avec les géniteurs biologiques de l’enfant.

Le confiage au Sénégal ?

Au Sénégal, les résultats du RGPHAE (2013) ont permis de mesurer le phénomène de séparation (des enfants de moins de 18 ans) des parents biologiques. Selon cette source de données, il y a 641 486 enfants confiés au Sénégal en 2013, soit un taux de confiage de 10 %.

La répartition par région montre que Dakar renferme plus d’enfants pris en charge, avec 15 % des effectifs nationaux d’enfants confiés. Les deuxièmes régions qui contiennent plus d’enfants pris en charge sont Thiès (14 %) et Diourbel (14 %). La région de Kaolack vient en troisième position en totalisant 9 % des effectifs des enfants placés dans d’autres familles. Ainsi, les régions de Dakar, Thiès, Diourbel, Kaolack, Fatick et Louga contiennent près de deux tiers (65 %) des effectifs d’enfants confiés du Sénégal.

Répartition des enfants confiés selon la région au Sénégal RGPHAE 2013

Les types de confiage ?

Plusieurs types de confiage existent. Les plus courants sont le confiage à l’intérieur de la parenté et de l’alliance, le confiage dans des lieux d’apprentissage (Daara, internats), le confiage pour le travail (domestique, agricole…), le confiage institutionnel (centres d’accueil, internats, villages SOS, ONG, Associations, empire des enfants…) et le placement judiciaire (centres de sauvegarde, maisons de redressement).

Les raisons du confiage ?

Les raisons du confiage des enfants sont généralement variées mais celle qui revient plus souvent demeure les études scolaires. Il y a également des enfants confiés pour des causes de décès des parents, de manque de moyens et de divorce.

Entre investissement ou exploitation?

Le confiage vers des familles d’accueil citadines rapproche les personnes d’une même famille et garantit aux enfants la possibilité d’acquérir un meilleur statut social en intégrant un foyer avec des conditions de vie plus aisée. En ce sens c’est un bon investissement. D’ailleurs, Maty, 19 ans l’atteste :

« J’ai été confié à mon oncle quand j’avais 6 ans. Au début, je ne comprenais pas ce changement d’environnement. Mais aujourd’hui mon oncle m’a expliqué pourquoi j’ai été sous sa responsabilité et je comprends. J’ai obtenu mon CFEE, mon BFEM et je suis en train de préparer mon baccalauréat. De temps à temps, je retourne au village revoir ma famille biologique ».

Malgré le bon investissement que recouvre le confiage, des exploitations sont constatées (les travaux domestiques forcés, les abus sexuels, les exploitations économiques par le travail, etc). Ces situations d’exploitation et de maltraitance conduisent les enfants à prendre la fuite, laissés à eux-même et très souvent confrontés à la dure réalité de la rue et se lancent alors dans le banditisme.

« Mon calvaire a commencé lorsque j’ai été confié à ma tante pour poursuivre mes études au collège. Durant les deux premières années je me sentais bien dans la famille d’accueil mais quand j’avais 13-14 ans le fils de ma tante me harcelait et me faisait des attouchements. Quand j’en ai parlé avec ma tante son fils avait tout nié ».

Ce témoignage en dit long sur ce que les enfants confiés vivent dés fois. Certains fuient, d’autres sont contraints de subir.

Les solutions contre les exploitations et abus :

Le confiage demeure un bon investissement car il contribue à disposer d’un capital humain de qualité. Toutefois, il faut veiller à ce que les enfants confiés puissent jouir de leurs droits et qu’ils soient protégés contre les abus et exploitations dont ils sont victimes à travers des campagnes de communication et de sensibilisation. Il faut également que l’Etat mette en application les différentes conventions internationales sur les droits de l’enfant en harmonisant la législation nationale avec les textes régionaux et internationaux ratifiés. Il devra également combler les vides juridiques constatés et mettre en place un dispositif intégré de protection de l’enfant en veillant au contrôle des enfants confiés à travers une déclaration des parents.

Ibrahima FALL

 

 

Rien ne justifie le viol

Depuis le mois d’Octobre, le musée de la femme Henriette BATHILY reçoit l’exposition « Lan nga soloon ». Une exposition qui recueille des témoignages de femmes victimes de viol entre articles de presse, témoignages audio et habits.

Le viol dans le droit sénégalais :

Le viol est une agression sexuelle impliquant, selon l’article 320 du Code pénal, «tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, commis sur la personne d’autrui par violence, contrainte, menace ou surprise». Selon l’article 320 le viol sera puni d’un emprisonnement de cinq à dix ans.

En parcourant les différents objets, les arguments les plus exposés sont en lien avec l’habillement comme en atteste le témoignage d’une victime

« Le pagne et le haut avec lesquels je travaille. Mon patron a profité  de l’absence de sa femme pour me forcer à avoir des rapports avec lui. J’avais 15 ans »

Les constats au Sénégal :

En 2016, selon les statistiques de l’Association des femmes juristes, le Sénégal a enregistré  3600 cas de viol. L’ampleur du phénomène est perceptible dans la banlieue dakaroise à Pikine. Les victimes les plus touchées, selon les mêmes sources, ont entre 3 et 19 ans.

Cette recrudescence des viols est devenue monnaie courante dans la société sénégalaise et vient se nicher dans le lot des violences perpétrées chez les femmes notamment les filles.

La responsabilité de la société:

Certaines valeurs comme le « soutoura », le « kersa » et le « masla » la société sénégalaise  contraint la victime à dissimuler tout délit ou crime dont l’ébruitement pourrait porter atteinte à l’image ou à la réputation de la famille.

Ces valeurs sociétales qui basculent s’expliquent par le manque d’éducation de base, socle de la morale sociale. Et sur ce point, l’éducation religieuse, sexuelle sont importantes car si l’une manque cela peut produire des individus dérangés.

Parfois, la famille ou la communauté préfère régler les problèmes de viols à l’amiable parce que c’est souvent un proche et que l’ébruitement d’une telle histoire pourrait rompre l’équilibre familial.

Face à cette situation, il est aisément compréhensible que la dénonciation des cas de viols soit un problème qui n’aide pas les victimes et laisse les agresseurs perpétrer leur acte.

Dénoncer, protéger, accompagner. Voilà ce que doit faire la société pour garantir aux femmes et filles la justice.

Il faut également insister sur l’éducation des garçons et des hommes sur les violences faites aux femmes et filles notamment le viol et les abus sexuels dans des espaces dédiés.

Il est clair que le viol est un acte punissable et aucune personne ne mérite d’être violé. Il faut que la dénonciation se fasse pour que justice soit rendue.

 

 

Ibrahima FALL