
Lors de la formation des jeunes ambassadeurs SRPF Sénégal sur le VIH/SIDA et la communication, le consultant a partagé avec les jas l’état situationnel de prévalence du VIH dans la population générale. Il y a beaucoup de disparités dans les zones mais également chez les hommes et les femmes.
L’épidémie du VIH au Sénégal est de type concentré avec une prévalence basse dans la population générale. Ce concept a permis de développer une approche pour connaître et répondre à l’épidémie. Actuellement, avec la nouvelle Approche basée sur la localisation et les populations, l’épidémie de sida est présentée sous la somme de plusieurs épidémies locales interconnectées, au sein desquelles les populations clés et certaines régions en sont les plus touchées.
Les dernières estimations de l’ONUSIDA (2017) montrent une baisse progressive de la prévalence du VIH, chez les 15 à 49 ans depuis 2005, et qui est estimée à 0,5 % en 2016 (Spectrum ONUSIDA, 2017). Cette tendance à la stabilisation voire à la baisse de la prévalence est certainement attribuable aux investissements précoces et ciblés qui sont effectués dans le cadre de la riposte au VIH (CNLS, Mars 2017).
Selon les données d’estimation Spectrum (ONUSIDA, 2017), en 2016 le nombre de personnes vivant avec le VIH s’élève à 41 000, dont 26 000 femmes et 15 000 hommes. Le nombre d’Orphelins enfants vulnérables (OEV) âgés de 0 à 17 ans est estimé à 27 000 (Spectrum ONUSIDA, 2017).
Répartition par région:
La répartition de la prévalence selon la région géographique montre des disparités. En effet, les régions du Sud, de l’Est, du Nord et certaines du Centre présentent des prévalences supérieures à la moyenne nationale. Il s’agit respectivement des régions de Kolda (2,4 %) suivi de Kédougou (1,7 %), de Tambacounda (1,4 %), de Sédhiou (1,1 %), de Kaolack (1,1 %), de Ziguinchor (1,0 %), de Fatick (1,0 %) et Saint Louis avec 0,9 % (Figure 2).
Prévalence du VIH selon le sexe et l’âge
Le consultant n’a pas manqué de revenir sur la vulnérabilité des femmes par rapport au VIH. En effet, les femmes présentent une vulnérabilité plus élevée face au VIH que les hommes au Sénégal. Parmi les PVVIH âgées de 15 ans et plus, 64,0 % sont des femmes avec une prévalence de 0,8 % versus 0,5 % pour les hommes. Il en résulte un ratio d’infection femmes/hommes de 1,6.
Chez les jeunes de 15-24 ans, bien que la prévalence soit relativement basse (0,2 %), les jeunes filles sont 3 fois plus infectées que les garçons soit 0,3 % contre 0,1 % (EDS-MICS, 2010-2011).
La prévalence augmente proportionnellement avec l’âge jusqu’à 44 ans autant chez les hommes que chez les femmes. Les femmes âgées de 45-49 ans présentent les prévalences les plus élevées (2,4 %), tandis que chez les hommes, les 40-44 ans enregistrent les plus fortes prévalences soit 1,5 %. L’ancienneté de la contamination et la durée d’exposition au VIH pourraient expliquer le fait que les personnes âgées de 40 à 49 ans sont les plus infectées
Prévalence du VIH chez les populations clés
Il s’agit des professionnelles de sexes (PS), des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH). On a constaté que la prévalence du VIH a baissé chez les PS. En effet, elle est passée de 18, 5 % à 6,6 % entre 2010 et 2015 (ENSC, 2010 et 2015). Selon la catégorie, la prévalence du VIH chez les professionnelles du sexe officielles (PSO) est passée de 23,8 % en 2010 à 8,7 % en 2015 alors que chez les professionnelles du sexe clandestines (PSC), elle est passée de 12,1 % à 5,4 % pour la même période (ENSC, 2010 et 2015).
Et pour les hommes ayant des relations sexuelles avec les hommes (HSH) la prévalence estimée du VIH chez les hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes (HSH) est passée de 21,8 % en 2007 à 17,8 % en 2014 (ELIHoS, 2007 et 2014).
Les résultats de cette dernière enquête, ELIHoS (2014) montrent que la prévalence du VIH a augmenté de près de 3 fois et demie dans la tranche d’âge de 18 à 19 ans en 2014, soit 19,9 % (versus 5,2 % en 2007). Cette même tendance est observée chez les élèves où la prévalence est passée respectivement de 13,1 % à 18,1 % (ELIHoS, 2007 et 2014).
Ce constat peut être lié au fait que la pratique de l’homosexualité est très précoce chez les jeunes et sans protection. Par contre, chez les HSH âgés 35 ans et plus, cette prévalence a diminué, passant de 40,6 % à 17,2 % durant la même période (ELIHoS, 2007 et 2014).
Au vu de ces chiffres inquiétants, les jeunes ambassadeurs doivent développer des actions de sensibilisation pour toucher ces cibles vulnérables pour aider à réduire la stigmatisation et la discrimination envers les personnes vivant avec le VIH.
Ibrahima FALL